Page 122 - Patriarches et Proph

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Chapitre 13 — Le sacrifice d’Isaac
La promesse d’un fils a été accueillie par Abraham avec joie.
Mais attendra-t-il patiemment que Dieu accomplisse sa parole à son
heure et à sa manière ? Le délai, qui va mettre sa foi à l’épreuve, le
fera-t-il trébucher ? Sara, jugeant impossible que Dieu lui donne un
enfant dans sa vieillesse, suggéra à son mari un moyen par lequel
le dessein de Dieu pourrait se réaliser : elle lui proposa de prendre
sa servante comme épouse secondaire. La polygamie, si répandue
à cette époque qu’on ne la considérait plus comme un péché, n’en
était pas moins une violation de la loi divine et une grave atteinte
à la sainteté et au bonheur du foyer. Le mariage d’Abraham avec
Agar devait avoir des conséquences funestes non seulement pour sa
famille, mais pour les générations futures.
Flattée de la position honorable qui lui était faite par sa qualité
de femme du patriarche, et fière de la perspective de devenir la mère
du grand peuple qui devait descendre de lui, Agar devint hautaine,
présomptueuse, et se mit à traiter sa maîtresse avec dédain. Des
jalousies réciproques troublèrent ce foyer naguère si heureux. Obligé
d’entendre les plaintes des deux femmes, Abraham s’efforçait en
vain de rétablir l’harmonie. Sara, sur l’instante requête de laquelle
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il avait épousé Agar, en rejetait maintenant la faute sur son mari
et voulait bannir sa rivale. Songeant qu’Agar devait être, comme il
l’espérait vivement, la mère du fils divinement annoncé, Abraham
s’y refusait. Mais comme Agar n’en était pas moins la servante
de Sara, il la laissa sous le joug de sa maîtresse. L’esprit altier
de la servante égyptienne ne pouvait se soumettre aux traitements
autoritaires qu’elle avait provoqués. Elle prit la fuite.
Se dirigeant vers le désert, elle s’arrêta, solitaire et désolée, au-
près d’une source, quand un ange en forme humaine lui apparut.
“Agar, servante de Saraï, lui dit-il, comme pour lui rappeler et sa
condition et son devoir, retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi
devant elle.” A cette sévère injonction, il ajoute cette parole de conso-
lation : “L’Éternel t’a entendue dans ton affliction. ... Je multiplierai
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